Los Picotazos - Chili

Ça se passe au Chili, dans un endroit très beau, à l’intérieur d’une vallée qui descend depuis la Cordillère. Le lieu est une commune qui s’appelle Petorca, un nom d’origine mapuche qui évoque des petits coups de pic ou de bec.

Le collectif Sueños de maché est allé y faire un atelier de marionnettes géantes en juillet 2010. Cela faisait partie du programme Creando Chile en mi barrio le même avec qui nous avons travaillé, à l’initiative du Consejo de la Culture, (aujourd’hui Ministerio de las Culturas, de las artes y del Patrimonio).
En réalisant mes recherches, je suis arrivéeà Petorca, après plusieurs tentatives sur des pistes pour trouver des noms de personnes qui pouvaient me donner des informations sur ces marionnettes. Et puis, un jour, après 4 heures de trajet en bus et taxi, je suis arrivée dans un village lointain, perdu. Ici on dit que c’est l’endroit « où le diable a perdu son poncho ».
La région a un passé de mines d’or, argent et fer. Actuellement est plutôt dans la production des avocats, l’or vert, celui même qui dessèche la région à cause de la monoculture, mais qui est exportable. Mais il y a encore quelques petits mineurs qui vont dans la montagne à la recherche de métaux.

Les marionnettes qui sont sorties de cet atelier sont un pirquinero (petit mineur chercheur d’or) qui utilise son pic pour remuer les roches. L’autre personnage est un diable. Ici, les légendes de rencontres, échanges et commerce avec le diable abondent entre les mineurs. Au fond de la mine, de la grotte il y a toujours le diable qui les attend pour leur faire des propositions en échange de leurs âmes.
Ces marionnettes existent toujours et elles sortent dans la région, manipulées par leurs propres créateurs. Le groupe s’appelle Los Picotazos. Et il se fait un peu âgé. La chose extraordinaire est qu’ils ont continué à faire de marionnettes à partir de ce qu’ils ont appris avec Sueños de maché. Maintenant ils ont 6 marionnettes au total. Toutes sont typiquement des personnages d’ici, une femme mapuche qu’on appelle Ñaña, une Llorona légendaire et un couple de paysans.

Je trouve que le groupe est vraiment amoureux de ses marionnettes et ils ont même fait une pièce de théâtre avec pour les habitants du village. Ils ont voyagé à Valparaíso, à Viña del Mar, à La Caldera, toujours dans la région et pour eux leurs marionnettes sont des représentantes de leur identité, leurs ambassadeurs. Le groupe est formé par des femmes mûres et âgées.
Et elles rêvent de monter une nouvelle pièce de théâtre et veulent faire venir un metteur en scène. Il y a très peu de gens dans le village, mais il y a quand même un lycée.

Leur groupe a un lieu, la Union Comunal de Cultura. Et elles y font peinture, chant et guitare. Tout bien combiné grâce à des demandes de petites subventions du gouvernement à travers un programme qui s’appelle Puntos de Cultura. L’année dernière, elles ont demandé à Sueños de maché de leur faire de nouveaux harnais et de remplacer quelques carcasses en carton. Chose faite.
_Fleur Marie Fuentes