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Bourg-les-Cartons en détail


Travailler avec des matériaux de récupération
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Tout comme des enfants bâtissent avec un jeu de construction un château qu’ils démontent ensuite, avant d’en ranger les éléments, Bourg-les-Cartons propose de concevoir, puis d’édifier une ville en cartons de récupération, à une échelle plus vaste qu’une simple maquette, puisque ses maisons et ses bâtiments seront suffisamment larges et hauts pour être temporairement occupés._
Une première phase d’élaboration comprend la réalisation du « plan d’occupation des sols », en fonction de la surface disponible, du nombre de participants ; il serait d’ailleurs intéressant qu’un urbaniste ou un architecte de la municipalité y soit convié — quelle meilleure occasion d’associer de jeunes citadins à une réflexion sur la ville et sur la multiplicité de ses fonctions ?
En effet la ville imaginaire, qu’elle s’inspire de la capitale de l’Atlantide décrite par Platon, de l’abbaye de Thélème de Rabelais ou des Villes invisibles de Calvino, réfléchit à l’avenir et au désir et ne peut que s’enrichir des considérations plus réalistes et plus concrètes sur l’urbanisme, parce que l’imaginaire joue en opposition et en contrepoint avec le quotidien et le possible.

La maison est en carton, les escaliers sont en papiers.

Des cartons refermés constituent la brique de base des constructions. Le carton, aisément recyclable, est un matériau qui n’a pas manqué d’intéresser designers ou architectes contemporains : le Japonais Shigeru Ban, par exemple, l’a utilisé non seulement pour des bâtiments temporaires à Kobé, après un tremblement de terre, mais aussi pour des installations permanentes.
On détermine ensuite le nom de rues, crée des panneaux, des enseignes, des affiches ou même des graffitis pour décorer les murs, les places, les façades, les ronds-points de la future cité. On prévoit bâtiments publics, de jardins… La dernière en date des villes en carton, réalisée à Vigneux-sur-Seine, comportait également un « cimetière des maux » où les enfants ont créé des tombes pour la tricherie, la tristesse, la colère ou l’injustice, mais ce n’est qu’une des idées parmi les multiples possibilités qu’offre l’élaboration d’une ville imaginaire.

On pourra au passage rappeler aux participants que des « Karton Siti » — c’est le nom d’un bidonville de Belgrade — existent un peu partout dans le monde et que des gens y vivent tout au long de l’année, dont près de 100 000 personnes en France, selon les dernières estimations d’Emmaüs.
Puis, grâce à un stock de cartons de récupération apportés par la compagnie, à un peu de scotch et de colle, les participants procèdent à la construction de la ville, de ses rues, de ses tours, qu’ils pourront montrer, faire visiter, photographier ou filmer.
Un peintre réalisera d’ailleurs pendant la journée une carte postale géante, qu’on pourra éventuellement reproduire et qui permettra de se souvenir de cette création éphémère.

Le temps de la déconstruction_
Enfin, on démontera méthodiquement la ville avec autant de soin qu’on l’a construite, les cartons seront rangés et repliés, passant du volume au plan.
Il est d’ailleurs conseillé de prévoir une poubelle ou un conteneur à cartons à proximité du site de construction, ce qui peut offrir l’occasion de se rapprocher des services de la municipalité ou de l’entreprise chargée du nettoyage. La récupération puis le classement à des fins de recyclage des matériaux utilisés permettront également de réfléchir au cycle de la consommation et à la production de déchets qui figurent parmi les problèmes cruciaux de notre époque.

Photos © Achromatik

Un projet de construction et de déconstruction